Il est tout près du Péré un lieu que nous aimons beaucoup : Le Marrou. C’est une grange perdue bien au-dessus du village des Barrous où l’on accède à pied.

Grange d’altitude, elle accueillait les animaux l’été pour pacager aux alentours qui n’étaient alors que prés. J’ai connu enfant le propriétaire surnommé l’espagnol. Madeleine, fille des Barrous l’avait connu aux vendanges et il était venu s’installer dans ce petit village qui comptait au début du vingtième siècle jusqu’à cinquante personnes. Aujourd’hui le village n’est plus que résidences secondaires, les mentalités ont bien changé. Dans ma mémoire subsitent les noms des derniers habitants : François, Léon, Madeleine et son mari… Tous se contentaient de maigres revenus fournis par le dur travail d’agriculteur à la montagne. Ils entretenaient l’espace, cultivaient la terre parfois loin de la maison. Subsistent aujourd’hui les murets en pierre et les arbres centenaires plantés pour ombrager les chemins ou le devant des granges.
Puis vint la vieillesse, les maisons se vidèrent les unes après les autres. Après 1968 se furent les premiers achats de résidences secondaires et même le Marrou sans route d’accès fut vendu. Nous aimions bien les nouveaux propriétaires. La grange ne fut pas défigurée, juste restaurée pour pouvoir passer quelques jours à l’écart, en pleine nature.

Puis la grange fut à nouveau mise en vente voilà deux ans. Et c’est là que ce petit paradis où j’aimais tant m’arrêter pour rêvasser un peu est devenu en quelques mois un paradis perdu. La grange cachée dans les bois entourée de quelques hêtres centenaires n’avait aucun point de vue et il fallait absolument dégager. Et là tout a été saccagé.
Passe pour les touffes de noisetiers à condition d’ensuite les ôter, mais les arbres centenaires n’ont pas non plus résisté.Chênes, hêtres rien n’a résisté à la furie dévastatrice du nouveau propriétaire. Le Vallier dégagé… c’est maintenant le côté soleil levant auquel il faut s’attaquer. Le massacre n’est pas terminé. Le chêne et les gros hêtres qui auraient tant à raconter, qui ont vu tant et tant de gens qui ont forgé l’identité de ce pays passer, le chêne et les gros hêtres sont terrassés. Pourrir au sol telle est leur destinée.
Le Marrou acheté par un universitaire irrespectueux de la nature et ne méritant donc en rien l’Ariège … le Marrou est défiguré, blessé.
Au moment où les consciences se réveillent un peu, le propriétaire professeur, conférencier à ses heures, à qui tout est à apprendre… vide aussi la maison jetant radiateurs en fonte dans les ronciers, brûlant bouteilles en plastique pour s’en débarrasser.. et nous nous assistons à ce spectacle navrés.
Des courriers ont été adressés, quelques détritus ont été ôtés mais depuis le massacre des arbres a continué. Le chemin qui passe au Marrou nous permet de rejoindre depuis nos chambres d’hôtes un autre beau chemin de randonnée. Nos hôtes l’empruntent régulièrement mais nous avons honte maintenant de leur faire traverser ce lieu naguère si beau et aujourd’hui dévasté.
Au coeur du parc régional les réactions de nos visiteurs sont vives… les nôtres aussi. Nous sommes désolés d’un pareil voisinage à qui les mots respect, nature n’ont jamais parlé!
Un endroit plein de charme où nous avons aimé nous arrêter un moment; Sûrement, quand nous étions allés un peu loin, les fées et les gobelins se rassemblaient et faisaient la fête. Désormais, les gobelins et les fées n’ont plus à se rapprocher. Mais dans ce pays magique où vous avez la chance de vivre, il leur a été facile de trouver de nouveaux lieux de rencontre …
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Annie, tout passe… et nous-mêmes avec toutes les mémoires que nous portons en nous…les moments, les visages, les impressions. Tout est nuage, tout est fumée…le stable n’est pas de ce monde mais je crois que dans le subtil se tient la Surprise qui nous enchantera à la fin. Ce sera alors le vrai début; on peut toujours rêver mais je suis depuis longtemps résolu à rêver et c’est plutôt pas mal.
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Oui tout passe. Mais j’aime croire que nous sommes aussi des passeurs d’histoires tout comme les gros arbres centenaires du bord de nos chemins. J’aime écouter l’histoire inaudible qu’ils me racontent. Ils sont des témoins. Que l’on y touche me fait mal. On ne se refait pas!
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