Dans notre Péré réaménagé, maison de l’enfance restaurée, grange transformée en chambre d’hôtes, la question du chauffage ne s’est jamais posée. Le feu bien sûr! la cheminée, les cheminées! Celle de la maison familiale n’a quasiment pas été modifiée, et elle en a connu des feux en toute saison… et même en été où les nuits sont fraîches.
Les foins finis la préoccupation première juste après l’arrachage des pommes de terre était de récupérer le bois pour l’hiver. Coupé dès que les arbres avaient perdu leurs feuilles, il était acheminé jusqu’à la maison grâce à notre cheval Coquette. Fendu ensuite à la cognée, il trouvait sa place dans les abris jouxtant la maison.
Dernier travail de la journée en toute saison ou presque, aller chercher le bois pour la veillée. « Que cal anar cercar lenha! » (il faut aller chercher du bois), cette phrase je l’ai entendue des milliers de fois. Mon père particulièrement aimait les grands feux, et la passion de ces beaux feux autour desquels nous nous réunissions le soir c’est naturellement transmise. Les grosses bûches de hêtre s’amoncelaient et nous prenions place autour du foyer ne nous lassant jamais de regarder les flammes, de les ranimer à chaque signe de faiblesse. C’est là qu’enfants nous ont été racontés les plus beaux contes qui se transformaient au fur et à mesure du récit du conteur. Le cercle s’agrandissait lorsque nos voisins et amis venaient nous rendre visite et le feu même devenait parfois sujet de conversation : le meilleur bois, la lune à laquelle il fallait couper les arbres et j’en passe. La cheminée a été longtemps le seul point de chauffage dans la maison puis quelques radiateurs à bain d’huile ont trouvé leur place tardivement dans les chambres.
Cette cheminée bien sûr elle est toujours là et bien là… à peine un peu rajeunie avec la planche en merisier et le conduit aux normes.

Dans la pièce commune les poutres sont noircies par la fumée depuis bien longtemps. Mon père déjà voulait mettre du lambris pour les cacher. Je me souviens avoir pleuré lorsqu’il a parlé de ces travaux… il a alors renoncé. On ne cache pas les traces laissées par les générations précédentes tous ces soirs où la cheminée fumait, où l’on pestait car le tirage n’était pas convenable… il fallait entrouvrir un peu la porte et s’accommoder du froid qui forcement rentrait. Puis papa a surélevé la plaque de notre cheminée et la voilà parfaite. Le noir du plafond c’est donc toute une histoire… impossible d’y toucher!
Dans la grange rénovée, dans la pièce principale où nous allons recevoir prochainement nos hôtes, une autre cheminée a trouvé sa place. Pas de soirées à la montagne sans feu! Du neuf ici forcement. Nous avons opté pour une cheminée à l’aspect plus moderne qui chauffera aussi les chambres du gîte et cela a l’air très efficace. Nous redirons encore et encore avant le repas du soir la phrase qui se répète de génération en génération : « il faut aller chercher du bois ». En toutes saisons en tout cas, près des deux cheminées les plats mijoteront ou resteront au chaud comme autrefois.
Espérons que ces flammes réchaufferont le coeur des visiteurs et contribueront à leur faire aimer le Péré comme nous l’aimons!