
Au Péré, aujourd’hui chambres et table d’hôtes, ont vécu et souffert des générations de paysans déjà évoqués dans l’article petite histoire de la maison familiale. La vallée de Massat à la naissance de mes grands parents fin du XIXe était surpeuplée. C’est en 1919 puis en 1925 qu’y sont nés Roger et Olga, les enfants de Baptiste le grand père qui reconstruisit le Péré lorsque tout brûla. Baptiste est mort à 69 ans le corps meurtri par les blessures de guerre et le travail aussi. Son fils Roger mon père a continué le travail entrepris par son père, a fait prospérer le Péré et nous a donné cet attachement viscéral au lieu. Il nous a quittés il y a plus de vingt ans. Pessimiste de nature il disait souvent que jamais personne n’était mort de vieillesse au Péré. C’est pourtant à Massat que sa soeur, notre tante, a fêté dernièrement ses 100 ans et bien sûr nous étions au près d’elle pour la petite fête qui a été donnée en son honneur.


Olga doit son prénom russe à ses grands-parents partis pour quelques temps bouilleurs de crus à Montpellier. Mon arrière grand-mère y gardait une petite fille russe prénommée Olga et l’attachement était si fort que ce prénom entra dans la famille. Olga est la seule avec qui mon frère André et moi parlons tout le temps occitan notre langue maternelle. Jamais lorsque nous sommes seuls avec elle le français ne vient se glisser dans nos conversations. Employée à la poste, Olga veuve très jeune, venait régulièrement au Péré lorsque j’étais enfant. Elle qui n’a jamais été une grande lectrice nous apportait des livres que je dévorais au coin du feu. Elle a toujours pensé que l’école et les livres nous permettraient d’accéder à une vie plus facile que celle de nos grands-parents et parents. Et en cela elle n’avait pas tort… Puis en grandissant les différences se creusent, les idées divergent. Il y a cependant toujours ces souvenirs de la vie au Péré que j’aime évoquer avec elle. Même si la mémoire faiblit, si les souvenirs se brouillent parfois un peu, les noms des familles vivant ici, les souvenirs liés à l’occupation et au mari passeur restent intacts. Il n’en faut pas plus pour imaginer la vie grouillante au pays il y a cent ans, l’animation au village alors ville importante où rien ne manquait!
A l’Ehpad de Massat nous rendons tous les jours à tour de rôle visite à Olga. Là tout le personnel est en grande majorité originaire du village et des alentours. Les équipes sont attentives, et sympathiques. Pour le centenaire tout était prévu : chansons, bon repas avec magnifique gâteau réalisé sur place par le pâtissier. De petites attentions en petites attentions ce fut un anniversaire bien souhaité par l’ensemble du personnel généreux et dévoué.


