Présentation de la maison familiale et de ses habitants

Le Péré c’est un lieu-dit. Qu’est-ce que cela signifie ? J’ai longtemps pensé qu’il s’agissait d’un lieu planté de poiriers (Pérè en occitan). Il y avait en effet beaucoup de poiriers autour de la maison et il y en a encore quelques uns. Un ami spécialiste de langue occitane m’assura que le nom venait de pierre (pèira) et en effet au-dessus de la maison se trouve un lieu appelé les rochers du Péré (les ròcs del Pérè).

La ferme que nous restaurons, où ont vécu « ceux du Péré », porte pour la maison la date de 1926, et pour la grange attenante 1931. Le Péré était un hameau comprenant trois maisons d’habitation et granges à proximité, oh des toutes petites granges. Les familles les moins pauvres possédaient trois ou quatre vaches ! Dans les années 1920 le feu détruisit le hameau aux toits de chaume. Les habitants quittèrent alors les lieux, découragés par cette vie de misère, ils s’en allèrent vers des départements plus hospitaliers où le travail était plus facile. Nos grands parents résistèrent. Comme aucune route ne menait jusqu’aux anciennes maisons situées à 1000m d’altitude, ma grand-mère proposa de reconstruire un peu plus bas. Mon grand-père Baptiste refusa… le point de vue l’emporta.

Sa vie était là où tout avait brûlé sous ses yeux. Je me souviens encore malgré mon très jeune âge, de la sensibilité de cet homme qui avait connu la guerre de 14, y avait perdu un frère et paraissait inébranlable. Merci pour ce choix Baptiste, merci d’avoir remis Le Péré « sur pied », nous nous occupons de lui et ta photo aura toute sa place chez toi, chez nous.
La vie reprit durement à la ferme pour mes grands-parents après la reconstruction. Deux enfants grandirent au Péré : Roger (mon père décédé), Olga ma tante (97 ans bientôt). Mon père s’engagea dans l’armée peu tenté par le dur travail de la terre. Il connut ainsi l’Autriche mais allergique à toute autorité, il ne renouvela pas son engagement les trois premières années passées. Il revint dans nos montagnes, s’y maria, continua à travailler la terre comme ses parents, tout en travaillant aussi à l’extérieur.

Le massif de la Journalade
Le massif de la Journalade

Au Péré nous vivions mon frère et moi avec nos grands parents et nos parents. Trois générations sous le même toit avec une langue fédératrice l’occitan appris en même temps qu’un français approximatif. Nous avons été la première génération à faire des études. Mon frère André peu tenté par l’université a passé un concours administratif après le bac et a pris le chemin de la banlieue parisienne. J’ai quant à moi fait des études de lettres à Toulouse. Puis voyant se profiler un sombre avenir (prof dans une banlieue loin de mes montagnes), j’ai tout fait pour rester à proximité de l’Ariège. Deux ans de gestion m’ont permis, malgré l’ennui où ils m’ont plongée, de travailler en entreprise pas si loin de chez moi. Puis comme la vie est bien faite parfois, un CAPES de langues régionales a été créé… et me voilà prof de français et d’occitan à Toulouse !

J’ai épousé Christian, un berrichon, curieusement il venait lorsqu’il était enfant en colonies de vacances à Massat. Il avait juré qu’il n’y reviendrait jamais ! Mais le charme du Péré, l’accueil des montagnards ont eu raison des déceptions de l’enfance. Le Péré est aussi devenu sien ! Nous sommes venus souvent, très souvent. Nous avons eu une fille Madeleine à qui nous avons transmis le virus des montagnes. Son grand-père lui a raconté autant de contes qu’il m’en a racontés, et sans le savoir a fait d’elle une littéraire.

Puis comme le temps court très vite, nous voici retraités à notre tour ! Des élèves, des copies… je suis passée aux fourneaux. La dernière année scolaire à peine terminée,  je me suis inscrite en CAP  cuisine. Maintenant diplôme en poche, petite expérience en restauration, il ne me reste plus qu’à vous accueillir au Péré lorsque tout sera fini. Pour cet été cela va être un peu juste. Tout le monde s’active pourtant, mais parions pour la mi-août, au pire pour les beaux week-ends de septembre et le brame du cerf… notre voisin le plus proche !

6 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. serialtravelersblog dit :

    Très joli récit et superbement écrit (on voit la patte de la prof de français :p), tout ça donne très envie de venir dans les montagnes à notre retour en France 🙂

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  2. Je suis sous le charme; (Oh et je connais un peu Madeleine, par blogs interposés hé hé)

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    1. Il faut venir nous voir alors. L’ Ariège est un département à découvrir. Merci pour votre gentil commentaire.

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  3. Merci de penser à notre rendez-vous #EnFranceAussi. Grâce à Madeleine, je découvre votre jolie maison d’hôtes et ça me donne bien envie de vous rendre visite un de ces jours. C’est facile pour moi depuis Toulouse !

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    1. On vous attend quand vous voulez! Merci pour ce gentil commentaire.

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  4. Cecile Casadebaig dit :

    Bonjour Monsieur, Bonjour Madame,

    Merci pour votre récit. J’adore les sagas familiales surtout dans un décor aussi grandiose. J’habite à Toulouse et je voudrais venir faire des randonnées et de la luge avec mes 2 petits. Auriez-vous de la disponibilité cette semaine ?
    1 nuit ou 2 nuits?
    Nous ne sommes pas compliqués, on souhaite juste être là.
    Si oui contactez-moi au 06 09 75 23 57 Cécile Casadebaig

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